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>> Mise à jour du 18 Juin 2024

Découvrez la contribution d’Habicoop aux États Généraux du Post-Urbain,
à la table ronde :

« Ruralités : services de proximité et besoins locaux de solidarité » 

Lorsque des collectifs d’acteurs s’organisent, bricolent, inventent… pour créer les emplois auxquels ils aspirent, pour éviter que les inégalités sociales se creusent davantage, pour réduire les problèmes environnementaux, pour se loger quand ils ne peuvent pas accéder financièrement aux « offres » ordinaires, ils font l’exercice de l’autonomie et ont conscience de veiller à la pérennité des « communs ».

Des réponses aux besoins des habitants peuvent être apportées à l’échelle locale, d’autres à des échelles plus larges (régionales, nationales, continentales, mondiales). Le périmètre de l’intervention publique doit donc être recherché selon le sujet ou le besoin identifié. Ne faut-il pas opérer la « traversée des échelles » en proposant un renouvellement des articulations entre les échelles de territoires. 

Est-ce que le « local » est la « bonne » échelle (et la seule échelle) pour penser la subsistance alimentaire, par exemple ?… qui elle-même pose la question de la transition agricole.

La question ne serait donc pas celle de la définition du périmètre mais davantage celle de l’existence de dynamiques de collaboration entre territoires, et entre ses multiples acteurs.

Les habitants qui initient une coopérative repartent des problèmes du quotidien avec pour objectif d’améliorer l’habitabilité du territoire : comment peut-on favoriser l’accès financier à un logement, comment répond-on aux besoins des personnes vieillissantes, comment va t’on pouvoir réduire nos besoins de mobilité (sachant que l’État et les régions ont aussi leurs responsabilités sur ces sujets)… ?

Les coopérateurs et coopératrices contribuent à la transition écologique par les transformations sociales, économiques et environnementales qu’ils et elles proposent.

Plusieurs « communs » sont évoqués durant ces 3 jours à l’An III : la santé, le logement, l’éducation, la culture…

Il semble plus facile de « prendre soin » des communs quand on est peu nombreux à en avoir l’usage et à les gouverner. Ce qui explique que lorsque des citoyen·nes viennent exposer leur projet d’habitat coopératif, déconnecté des logiques spéculatives, ils et elles sont majoritairement bien accueilli·es par les élu·es des communes rurales. Lorsqu’en plus ces citoyen·nes créent leur « outil de travail », la dynamique instaurée est plus forte. Dans la plupart des projets en milieu rural, les habitant·es souhaitent travailler sur le site. Artisan·e, boulanger·e, maraîcher·e, menuisier, consultant·e… ils et elles ont réfléchi à un habitat où se loger rime avec travailler, se cultiver, (s’)éduquer, prendre soin des voisin·es d’ici et des villages proches.

La difficulté à se loger peut aussi se retrouver dans des territoires ruraux, impactés parfois par la rareté de terrains constructibles, par la cherté des logements en raison d’une attractivité touristique proche (ex du pays basque), par « l’exode urbain » entamé depuis le confinement… La coopérative est une des solutions au logement abordable, car elle est créée « à prix coûtant », pour les générations futures, en étant déconnectée du marché immobilier de façon durable.

On dénombre aujourd’hui 800 000 logements vacants en milieu rural… En s’appuyant sur le « déjà là » et en pensant « rénovation » avant construction neuve (responsable à 50 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde), les néo-ruraux peuvent se loger sans artificialiser les sols et sans empreinte carbone supplémentaire créée avec des logements neufs. Des collectifs d’habitants ont choisi de s’accaparer ces bâtis « délaissés » pour sauvegarder et valoriser des patrimoines locaux en faisant revivre dans le Gers un château du 19ème siècle, un moulinage en Ardèche, ou encore une ancienne congrégation de religieuses dans les Hautes-Pyrénées.

Les réhabilitations sont conçues de façon « raisonnée », en considérant l’environnement et l’histoire du site, en réfléchissant aux usages des espaces communs comme source d’économie et d’ouverture aux autres. Le choix de l’auto-construction et de l’auto-conception bioclimatique engagent fortement les futur·es habitant·es : avec par ex, ici, un chantier-école pour la fabrication de briques et le montage de murs d’isolants, là-bas une isolation en matériaux biosourcés et la récupération des eaux de pluie, et là-bas encore, une personne recrutée pour le réemploi des matériaux (phase de déconstruction et phase de reconstruction)… Autant de choix de sobriété environnementale.

Sur un même lieu, les ménages sont de tous âges, de catégories socio-professionnelles et de revenus divers. Au-delà du foncier et du logement considérés comme des « biens communs », la vie dans ces lieux répond aussi à des « communs sociaux » : l’éducation, le vieillissement, la santé et le bien-être, l’égalité des genres. Dans le Gers, un logement d’insertion ; dans l’Hérault une coopérative qui veut répondre au besoin des personnes vieillissantes de se sentir utiles et à leur place en créant les conditions d’un « bien vieillir », en anticipant la

dépendance ; en Bretagne un logement solidaire pour des femmes victimes de violences conjugales… Autant d’initiatives décidées par les habitants qui, par leur implication, développent de nouvelles solidarités. Les espaces partagés aident à renforcer les sociabilités : des salles communes sont mises à disposition pour des évènements festifs et culturels, des temps de jeu dédiés aux enfants, de co-working, d’informatique… ouverts aux habitant·es du village et des alentours… Une cantine populaire mise en place dans une coopérative peut s’ouvrir à l’école et/ou aux personnes âgées isolées, dépendantes…

L’échelle du village et des petites villes facilite les relations entre les acteurs. « Le génie des lieux et des liens » agit avec la proximité que procure le village (élus / entreprises / habitants…).

Des collectifs d’habitant·es peuvent alors faire évoluer les pouvoirs publics pour parvenir aux transformations souhaitées. Des solidarités territoriales sont à inventer en matière de santé : comment avoir accès aux médecins, aux pharmaciens… Des métiers itinérants et/ou des transports à reconsidérer ? C’est la même question pour « l’offre » culturelle… Quels liens créer entre villages et villes ?

Les interactions et les interdépendances déjà révélées ou mises en oeuvre entre ville et campagne amènent à concevoir des réponses qui concernent de multiples acteurs, institutions, politiques publiques. Ces acteurs, finalement, en se demandant ensemble ce qu’ils souhaitent pour l’avenir sur leur territoire, et ce que ça va engendrer, « fabriquent » la démocratie. Quand on « passe » dans ces territoires, on voit des modes de vie différents, on ressent de l’hospitalité : et si c’étaient des critères « d’attractivité »… ? Nous en avons besoin dans cette période où on n’a jamais autant ressenti le danger pour notre démocratie républicaine.

En fin de débat avec la salle :

Deux propositions d’un agir/faire politique pour mettre en oeuvre le post-urbain

– 1 – La commune rurale est en passe d’être reconnue comme l’espace politique de la transition écologique : citoyenneté active, projets alternatifs, respect de « l’espace à consommer avec modération »… La commune a un rôle essentiel à jouer, mais les autres échelles de collectivités territoriales doivent venir apporter les ressources dont les porteurs de projet ont besoin pour concrétiser leurs actions.

– 2 – Inventer une politique de réciprocité entre les territoires (à l’échelle des intercommunalités) si on veut éviter la relégation (car on pourrait créer une densité de pauvreté dans le rural, tout comme cela s’est passé dans les métropoles) et si on veut partager des ressources bientôt rares (comme l’eau, l’alimentation, les énergies…).

Fédération Habicoop
Christiane Châteauvieux

 

>> Article du 30 mai 2024

Les États Généraux du Post-Urbain du 14 au 16 juin à Ploërdut

Ils porteront sur “Les Joies de l’autonomie et de ses communs”.

Pendant trois jours, chercheurs, paysans, citoyens engagés, artisans, élus, praticiens, autrices/auteurs, etc. dialogueront autour d’enjeux cruciaux tels que l’agriculture, le logement, l’énergie, l’organisation politique, l’accès aux services etc. et ce particulièrement dans les campagnes (puisque là est la seule solution écologiquement viable).

Une soixantaine d’intervenants, une vingtaine d’organisations seront, ainsi, réunis et auront pour mission d’élaborer, avec l’ensemble des participants, un programme d’actions écologiques et sociales du post-urbain.

Au programme : tables rondes, ateliers, conférences, rencontres et une librairie ; une Place des possibles permettra, également, de découvrir des savoir-faire de manière très concrète.

>> Retrouvez plus d’infos :
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