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« Confinement chacun dans sa boîte.

Je construis depuis quelques années déjà un projet de coopérative d’habitants à Lorient, les Toits partagés, et je voudrais témoigner ici de combien je regrette de ne pas y habiter encore. Il ne s’agit pas de me plaindre, tant j’ai conscience des très grandes chances que j’ai dans cette immense exacerbation des inégalités, locales et globales. Mais cette épidémie révèle aussi toutes les ruptures des liens sociaux et de l’isolement que l’on peut ressentir dans cette période.

Je viens d’arriver en ville dans un logement très agréable d’un quartier de Lanester, mélange de logements sociaux et de petits pavillons. Ma vie de retraitée était bien remplie par le militantisme pour l’habitat participatif au niveau départemental et les coopératives d’habitants, les relations familiales, (j’ai la chance d’avoir toute la famille proche), la construction de notre projet, les relations amicales, quelques petites randonnées. Beaucoup de ces activités sont devenues impossibles. Restent quelques réunions en visio, beaucoup de conversations au téléphone, avec la famille et les amis.

Mais aucun lien social entre voisins, à part quelques applaudissements très minoritaires à la fenêtre. Comment en créer quand il n’y a ni temps, ni lieu dévolus aux échanges? Comment mettre en place des solidarités quand chacun a depuis longtemps intégré le

« chacun sa merde » ambiant, allant même jusqu’à considérer que les difficultés sont de la responsabilité individuelle?

Ce n’est pas un hasard si les Toits partagés reçoivent de nombreux messages pour intégrer le projet en ce moment : ce virus rend palpable l’isolement, et ce besoin de liens sociaux, de solidarité, qui passe entre autre par de nouvelles formes d’habiter. »