A force d’en parler, c’est arrivé.
Nous avons tenu notre dernière réunion de commission le vendredi avant le confinement décrété le mardi. Nous avions rendez-vous en centre ville à 10H30, j’étais passé chez le traiteur bio du coin chercher quelques victuailles pour prolonger la réunion par un repas partagé. Comme un signe annonciateur des pénuries à venir, il est fermé !
Certains parleraient de pressentiments, car après le café, nous reprenons fébrilement le travail jusqu’à 16h30, histoire de « boucler » une demande de subvention. On a bien fait !
L’annonce du confinement nous cueillera à froid quelques jours plus tard, figeant l’active fébrilité du groupe dans une extatique attente. Comment continuer à avancer ?
Depuis la création de l’association de préfiguration de notre coopérative d’habitants, le temps qui passe repousse sans cesse la date de l’emménagement. En juin c’était fin 2021, en octobre, 1er semestre 2022, en février, avec le covid 19, ce sera peut-être 2023 ? Houlala… Je me remémore mon cours de philo, il y a très longtemps, et le paradoxe de Zénon avec sa flèche qui n’atteindra jamais le lapin. Si à chaque fois que l’on se rapproche de notre objectif, celui-ci s’éloigne un peu plus… Et d’ici là, il y aura certainement une nouvelle vague, puis encore, ou pire, une autre épidémie. Que vont devenir les taux d’intérêt avec le recul du PIB de 9% ? Un pessimisme contagieux s’insinue chez chacun et chacune d’entre nous, seul.e dans son exigu confinement.
Comment se serrer les coudes, se soutenir quand les 13 mosaïcoopains sont disséminés en Rhône Alpes, entre Les Abrets dans le nord Isère et Chambéry en Savoie et que nous sommes tenus à une « distanciation sociale » ?
Temps gris persistant.
Et puis on a décidé d’un rendez-vous convivial par Zoom, via Habicoop.
Pour notre bande de vieux branchés mais équipés d’ordinateurs depuis de si nombreuses années qui, eux aussi, sont un peu obsolètes, la visio conférence est délicate à mettre en place. L’un avec seulement le son sur son portable, l’autre avait l’image mais sans son, l’une sans web cam et l’autre retirée dans une zone blanche connectée par son unique téléphone fixe, ce fut une bonne partie de rigolade, un moment de fou rire où le vin avait sa part dans la joie générale. Cela a redynamisé le groupe. Depuis, des réunions s’enchaînent : de commissions, avec un bailleur, ou avec la Mairie de Crolles, en alternance avec les Zoom apéros, les ordis chauffent, tant les mails et les messages WhatsApp nous obligent à une vigilance de tous les instants. Même pas le temps de faire la sieste et de terminer mon bouquin…
13 mosaïcoopains confinés aux 4 coins du département, c’est bien mieux que regarder BFMTV !